Le métier portatif sur lequel se pratique
l'ouvrage s'appelle le carreau
(mot propre au Velay et aux Vosges,
où les colporteurs auraient introduit
la dentelle du Puy). C'est une sorte
de coussin carré ayant la forme d'un pupitre, formé d'une carcasse en
bois rembourrée
de paille, et recouvert d'une grosse toile fortement tendue. Sur la partie
supérieure,
un cylindre rempli de tissu ou de paille,
tourne autour d'un axe horizontal. Sur ce tambour est appliqué le carton
qui sert de modèle.
Une autre pièce de plan incliné,
où s'étalent les fuseaux,
relie les supports du cylindre.
La plupart du temps
le carreau était fabriqué à la ferme.
Le carton est le patron, le calque
où figure
le motif du dessin à obtenir.
De couleur brique, il est percé de petits trous destinés à recevoir les
épingles. |
Les
épingles à tête servent à tenir
les motifs en forme jusqu'à ce
qu'ils soient achevés.
Jadis en cuivre ou en laiton,
de manière à ne pas rouiller et tacher
la dentelle, elles sont aujourd'hui
en acier inoxydable.
Les fuseaux sont de petits instruments
en bois tourné, de 8 à 10 cm de longueur
et de forme allongée.
Ils comprennent
une tête ou gland qui retient la boucle d'arrêt du fil, un fût autour
duquel
on embobine le fil et un manche
permettant son maniement.
Ils étaient en buis, parfois en bois
précieux ou en ivoire.
|
La
technique
La
dentellière travaille assise, tenant
le carreau sur ses genoux. Avec ses doigts, d'une habileté extrême, elle
fait danser les fuseaux sur le plan incliné. Les fils se déroulent,
se
croisent, s'entrecroisent et s'enchevêtrent en
passant les uns
au-dessus
des autres dans un mouvement de rotation qui est dirigé par la dentellière.
Celle-ci pique et tient chaque point
avec des épingles, elle les change
de place au fur et à mesure
que l'ouvrage avance.
Le cylindre tourne petit à petit, tandis que sortant des épingles, la
dentelle apparaît suivant la forme du dessin
imposée par le calque.
|