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Eglises de mes Ancêtres
Nos villages conservent souvent une fontaine, un lavoir, un four banal, des maisons moyenâgeuses, parfois
un château, médiéval ou plus récent, une chapelle... et dans tous les cas, une église dont le clocher domine
les environs - se remarquant parfois de très loin - et dont les cloches appelaient les paroissiens à l'office dominical,
donnaient l'heure pour les travailleurs de la terre, sonnaient le glas - parfois le nombre d'années du défunt -
ou le tocsin en cas d'incendie...
C'est pourquoi, cette page évoque les édifices religieux où mes ancêtres - ascendance GARBY - ont reçu
le baptême
, après avoir été portés emmaillotés dans la rigueur de l'hiver, au risque de leur vie...là où ils se sont
joyeusement unis devant Dieu
...mais aussi où leurs funérailles ont été célébrées,
dans la tristesse la plus révoltante quand il s'agissait de petits enfants...

Arc-et-Senans

Auxonne

Byans-
sur-Doubs


Echenoz-
le-Sec

Eglisolles

Estivareilles

Fourg


Frasne-le-
Château

Gray

Gy

La Chaise-Dieu

La Chapelle-
en-Lafaye

La Chaulme

Labergement-
lès-Auxonne


Mantoche

Oiselay-et-
Grachaux

Orchamps

Port-sur-Saône

Romange

Saillant

Scey/Saône-
et-St-Albin

Selongey
St-Anthème


St-Clément-
de-Valorgue


Talmay


Tillenay

Usson-en-Forez

Viverols
Le langage des cloches

« En ce temps-là, lou clouquiè (le clocher) de mon village savait distiller une musique étonnamment variée,
propre à évoquer distinctement chacun des évènements de la vie champêtre. Sonner les cloches était un art,
et Jousèt (1) un artiste ! Ah ! quelle verve !
Et quel concert il nous offrait, les jours où il avait un peu forcé sur la boisson !
L’angélus du matin
était allègre, virevoltant, juvénile comme l’aube naissante, tout de liesse difficilement
contenue devant le miracle de la lumière revenue. Chaque aurore, quel que fût le temps,
était pure comme celle de la Création.
La sonnerie du midi marquait une rupture, une pause dans le travail quotidien.
Le paysan, surpris par le carillon, plantait là son ouvrage, pour s’abriter des soleils
de juin dans le cœur de la haie vive. Le menuisier abandonnait son établi tout frisé
de copeaux odorants, le forgeron abattait une dernière fois son marteau sur l’enclume,
les écoliers se précipitaient sur la place de l’église, comme une volée
de chardonnerets sur la chènevière (2). C’était la trêve…

L’angélus du soir se teintait de mélancolie, traînait, n’en finissait pas, peut-être pour célébrer et faire durer encore la clarté fauve des crépuscules d’été striés du vol des martinets. Il se ménageait des silences, tentait de suspendre, dans le ciel, la course
de la nouvelle lune cornue.

Le glas ? C’était d’abord un sourd martèlement, hésitant telles les premières
gouttes de la pluie après une longue sécheresse. Puis venait la sonnerie, drue, épaisse, qui résumait la vie du trépassé, avec des périodes légères ou pesantes, soudain alertes vers la fin, comme pour exalter l’entrée de l’âme en paradis.
Carillons fortement scandés, primesautiers, irréfléchis, pour les baptêmes ;
cascades, ruissellements de sons lors des messes de mariage, avec des élancements célestes, des trous de silence et des rebondissements,
en un saisissant raccourci des joies et des déchirements qui parsèment toute existence humaine. Le langage des cloches était innombrable, leur voix
une musique figurative. Jousèt ? Un poète… (...........)
Le vieux sonneur disparu, la municipalité – comme tant d’autres – a décidé d’électrifier les cloches. Ah ! cette mécanique électrique ! Comment voulez-vous qu’elle ait une âme, de l’imagination ? Le rythme des sonneries est imperturbable, impersonnel, désagréable à force de régularité, machinal, monocorde. C’est un métronome infaillible,
un hachoir qui débite en tranches le temps qui passe, avec une ponctualité affligeante.
Qu’il me semble loin, le temps du Jousèt artiste ! Heureusement, la cadence fantaisiste qu’il savait donner
aux cloches de mon village est à jamais gravée dans ma mémoire. Et certains soirs de l’Avent, dans la campagne familière étreinte par le lourd silence des nuits de décembre, j’entends encore les vibrations de l’airain
chantant dans l’air glacial l’ineffable bonheur latent de mes Noëls d’enfance. »
Jours d’Auvergne (Jacques MALLOUET)
  (1) le nom du sonneur (prononcer « Dzoujé »)
(2) champs de chanvre, dont les fibres textiles servaient à la fabrication des draps de nos aïeux