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Avant le départ
Le départ - L'arrivé
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Les scieurs de long
Vieux dicton auvergnat :
Qui part lou lu ne torna plus !
(Celui qui part un lundi ne revient plus!)

Avant le départ
L'émigration d'hiver commençait souvent à Notre Dame de septembre le 8, ou à la Saint Michel le 29, pour s'achever le 24 juin suivant, à la Saint Jean d'été. Cet exode saisonnier rythmait et déséquilibrait la vie locale, sociale et économique. Avant de partir,
ils réclamaient un passeport au prêtre pour certifier qu'ils étaient de bonnes moeurs, de religion catholique et que nulle maladie épidémique ne régnait alors dans le pays. Malgré la dépense,
ils n'hésitaient pas à se rendre chez le notaire,
pour enregistrer un contrat de mariage, déclarer une transaction financière, donner procuration
à leur femme ou pour le célibataire, à un parent
afin qu'il gère ses affaires en son absence,
rédiger un testament pour la répartition de ses biens
et s'enquérir de sa sépulture avec messes
et aumônes pour le salut de son âme,
au cas où il ne reviendrait pas...


Les scieurs de long ont inspiré bien des artistes, notamment des graveurs sur bois

Le départ
Les scieurs emportaient le strict nécessaire : un baluchon avec quelques hardes, une paire de sabots de rechange,
leurs outils (chaînes, haches, scies démontées et emmaillotées dans de vieux linges...) et, en poche, leur passeport.
Ils effectuaient les trajets
à pied, parcourant quotidiennement
une quarantaine de kilomètres, mettant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, pour gagner leur chantier, selon des itinéraires fixés par la tradition.
Les chansons de la corporation
- avec des onomatopées évoquant le crissement de leur scie - rythmaient leurs pérégrinations comme plus tard,
leurs longues heures de travail.
Equipe auvergnate de scieurs
devant leur chevalet

L'arrivée
Une fois à destination, leur premier travail était de construire une loge, au milieu de la forêt, en se servant de bois et de terre. Leur nourriture, frugale, était composée de grosses soupes de pommes de terre, choux et lard, dans laquelle "la cuiller devait tenir debout..." Ils mangeaient de grandes quantités de pain. Leurs repas se prenaient dehors autour d'un foyer. Le bois ne manquait pas, la soupe cuisait dans un chaudron suspendu au-dessus des braises. A la mi-Carême, ils s'offraient une nourriture un peu plus copieuse et quelques bouteilles de vin pour fêter la moitié de leur campagne et le retour des grands jours.

Scieurs mangeant la soupe,
devant leur loge forestière