Le sciage en long
Pourquoi émigraient-ils ?
Avant le départ
Le départ - L'arrivé
e

Organisation du travail
Le retour
Déclin de cette activité

Chanson
Poème
Les scieurs de long


Un chantier important employait plusieurs équipes.
Chacune comprenait deux ouvriers
qui sciaient et un troisième, le doleur, qui préparait la bille : sa place était généralement tenue par le patron
ou le chef d'équipe, à qui incombait aussi la délicate tâche de l'aiguisage
de la lame des outils. Ils étaient payés à la tâche, à la pièce,
mais rarement à la journée.

Le sciage d'une bille
Sa préparation consistait à l'écorcer,
à la tronçonner à la longueur souhaitée, à l'équarrir, à tracer sur le haut
plusieurs traits correspondant
aux planches voulues, à la hisser
sur le chevalet (chèvre) puis à la fixer solidement à l'aide de chaînes
et de coins.

Organisation du travail


Bas-relief représentant
2 scieurs au travail


Les scieurs commençaient alors le travail :
l'homme du bas (renard) effectuait l'opération
en tirant la scie à lui, recevant la sciure sur la tête,
d'où le port d'un chapeau,
alors que son compagnon du haut (chevrier),
en équilibre instable sur la bille, remontait
la scie en suivant soigneusement les traits tracés.
Lorsque la moitié du travail était accomplie,
les scieurs détachaient la bille et la retournaient
sur elle-même pour scier l'autre moitié.
A la fin, le chevrier descendait de son trépied,
ils ôtaient la chaîne et laissaient tomber la bille
au sol, occasionnant une marque en V entre
les deux moitiés, ce qui permet de reconnaître
sur nos vieux meubles si une planche
a été sciée en long.
Et ainsi, chaque jour, du lever du soleil
au crépuscule...
Quel métier harassant !
ce qui faisait dire au diable,
dans Trésor des contes d'Henri Pourrat :

"Ils prennent sur terre bien assez rude état,
Jamais en mon enfer, scieur de long n'entrera."



Cage à écureuil construite par un scieur :
le pauvre animal faisait tourner la roue
qui actionnait 2 pantins articulés
imitant les gestes des scieurs de long

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Les Auvergnats du Livradois avaient coutume
de rapporter de Normandie, des greffons
de pommiers
. Ainsi sur les flancs du massif de Pierre sur Haute, voyait-on fleurir de tels arbres en grand nombre, en mai-juin, au beau milieu des prairies verdoyantes.


Le retour


A la fin de la campagne,
le patron leur versait leurs gains.
Pendant le trajet du retour, ils devaient
rester sur leurs gardes car des gens
mal intentionnés pouvaient les attaquer,
sachant que tous ces ouvriers rentraient
chez eux avec leur pécule en poche.
Pour leur bonheur ou pour leur malheur, tous ne sont pas rentrés...De nombreux célibataires se sont mariés sur place, l'émigration temporaire devenant
pour eux définitive. D'autres scieurs
y sont décédés : leur confrère remettait
alors l'acte de décès à leur curé,
dès leur retour. A l'inverse, certains ramenèrent une jeune fille au pays.

à droite :
La locomobile, scierie ambulante,
avec ses scies circulaire et à ruban,
utilisant l'énergie de la vapeur,
a favorisé le déclin du métier
.

Déclin de cette activité
Au XIIe siècle, apparurent les premiers moulins à scier installés le long des ruisseaux, puis les moulins à vent à scier... mais les scieurs de long avaient encore de beaux jours devant eux. C'est entre 1850 et 1960, avec la naissance des scieries mobiles mécaniques à vapeur, puis des moteurs à essence qu'ils disparurent. La modernisation des moyens de transport des grumes mit un coup d'arrêt définitif
à cette activité séculaire.

"Pendant que ma mère nourrissait à Lyon (1), mon père faisait une campagne de scieur de long en Normandie,
dans la forêt de Bretonne, avec une équipe de gars comme lui, solides, sans exigences et capables de travailler quinze heures par jour pour établir qu'ils n'étaient pas "feignants". L'entrepreneur y trouvait largement son compte et les grands hêtres s'abattaient, ouvrant des clairières plus ou moins meublées par les tas de rondins et les stères de bois de brûle.
Pluie et neige n'arrêtaient point nos bûcherons dont les membres ne craignaient pas la rouille. Mon père y gagna toutefois
une pleurésie qui lui fournit par la suite de bons sujets de conversation..."

TOINOU, le cri d'un enfant auvergnat - par Antoine SYLVERE (1888-1943)

(1) A la naissance de l'auteur à Ambert, le bébé est nourri au lait de vache à la métairie de ses grands-parents et sa mère part allaiter une petite fille lyonnaise, afin de gagner des gages dont elle a grand besoin.